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interview

> Elegy

Lorsque l'on veut parler de scène rituelle ou dark ambient nos yeux se portent immanquablement vers les contrées du septentrion où règne en maître le label Cold Meat Industry. Et pourtant il existe, ailleurs, des formations dont la noirceur et la force n'ont rien à envier à celle de leur cousins hyperboréens. Il en est ainsi de l'entité musicale française connue sous le nom de Melek-Tha dont le troisième opus Evil is Too Strong a émergé des abysses il y a peu de temps.

Connue et révélée par deux albums d'une rare puissance évocatrice Astrum Argentinum et De Magia Natvrali Daemoniaca, la musique de Lord Evil, la personne qui se cache derrière Melek-Tha est un véritable hymne de fin du monde, une apocalypse sonore où se mêlent chuchotements, cris, percussions, respirations chthoniennes et bruits indéterminés. Lorsque nous demandons à Lord Evil comment il obtient ce résultat, "contrairement à la grande majorité des groupes je ne compose absolument pas avec un ordinateur. Je trouve souvent le résultat plat et sans relief, trop synthétique. Je préfère me servir de diverses sources sonores telles que synthétiseurs, tomes de batterie, boîte à rythmes, sampler Akaï, boîtes à effet Boss Pro et une banque de sons très grande que j'ai réunie depuis plusieurs années...". Sons urbains, sons naturels, musiques de films, bruitages, musique composée par d'autres, toutes ces sources sonores subissent les manipulations savantes de Lord Evil : "j'écoute et j'utilise tout ce qui me fait vibrer... tout peut se retrouver samplé, ensuite je modifie, je charcute, j'allonge et surtout je personnalise le son emprunté pour créer quelque chose d'unique". "Je me considère plus comme un alchimiste qu'un véritable musicien. Rien n'est écrit à l'avance, tout fonctionne au feeling, je dois avoir des pulsions avant de pouvoir créer". Mais quelle alchimie ! A l'inverse des alchimistes traditionnels, Melek-Tha transforme de l'or (Laibach, In Slaughter Natives, Endura...) pour le transmuter en plomb en fusion, un plomb qui pénètrera vos oreilles, votre esprit puis votre âme s'il vous en reste une.

Et quelles pulsions doivent habiter cet homme lorsque l'on écoute sa musique proche des groupes cités et d'autres encore, mais avec à chaque fois une touche personnelle. Il dit d'ailleurs s'en inspirer bien qu'il n'ait découvert cette scène que bien après avoir découvert son attirance pour ces ambiances de rites oubliés et de cérémonies indicibles : "venant du milieu death-black metal et ayant oeuvré durant quelques années pour cette musique par l'intermédiaire de mon label Evil Omen Records, je peux dire avoir été plus inspiré par le côté sombre et occulte de cette musique que par la scène rituelle".

Le résultat est impressionnant ! Une musique "pesante, malsaine, oppressante et toujours apocalyptique" pour reprendre les termes de Lord Evil. Et il n'a pas tort, cette musique évoque des ambiances de destruction, de cérémonies démoniaques, de rites telluriques, de ruines, nous imaginons des processions de damnés, des églises en feu et des âmes perdues, des paysages de cendres et de sang, de soufre et de suie. Il s'agit d'une musique réellement visuelle en ce sens qu'il est impossible de ne pas voir les ambiances qu'elle évoque, cette musique fait penser à une musique de film et il nous tarde alors de voir le film qui l'accompagnerait : "Il est vrai que je suis très inspiré par le côté musique de film mais étant projectionniste de cinéma j'avoue avoir une très grande facilité pour visionner et ingurgiter des centaines d'heures d'images et de sons. Je suis un très grand adorateur de fantastique et d'horreur et le symbole ultime pour moi dans cette catégorie est Hellraiser de Clive Barker".

Comme nous l'avons dit, Melek-Tha vient de lacher sur cette terre un album, Evil is Too Strong sur le label allemand Dark Vinyl Records dans la lignée des deux cités précédemment mais "plus occulte et surtout plus rythmé, une petite dérive dans un ritual metal sur le morceau "The Triumphator" et une production encore plus travaillée...". Le tout donne quelque chose de plus industriel, plus inhumain mais avec toujours cette impression de tempête infernale à laquelle nous résistons difficilement.

D'autres projets peut être ? "Ensuite il y aura un 12 LP + CD bonus limité à 500 exemplaires, The Diablerie Manifesto sur le label américain Self Abuse Records, un remix du groupe anglais Maruta Kommand se trouvera sur leur premier album, "Glorious Annihilation" (titre inédit) figurera sur une compilation du label français ÜNE (avec Catharsis, Militia et Maruta Kommand entre autres). Enfin pour l'année 2001 trois albums verront le jour : Decadence & Genocide, et Perfect World Eradication, deux albums de pur harsh death industrial et Gloriam Demondi dans la lignée de Evil is Too Strong, plus symphonique et occulte".

Gageons que toutes ces productions auront la même qualité et le même pouvoir évocateur que les précédentes. Votre âme est-elle prête ?

 

Barberousse


Elegy
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